Histoire

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Le Palais de la Cité, résidence et centre du pouvoir capétien

Quel meilleur symbole de la grandeur d’un monarque que son Palais ?

Le Palais de la Cité, résidence et centre du pouvoir capétien

Durant 4 siècles, les Capétiens vont œuvrer pour que de simple forteresse, la demeure du roi devienne sous Philippe le Bel le plus beau, le plus vaste et le plus somptueux Palais d’Europe. 
 

Tout commence avec Hugues Capet en 987, moment où Paris redevient capitale du royaume, statut qui lui avait échappé sous les Carolingiens. La forteresse de l’île de la Cité, renforcée depuis l’époque gallo-romaine face aux invasions, n’est probablement que très peu remaniée à cette époque, d’autant qu’il ne s’agit encore pour le roi que d’un lieu de passage. Son pouvoir s’exerce en itinérance. 
 

On sait que Robert II le Pieux (996-1031), fils d’Hugues Capet, a déjà entrepris, au XIe siècle, des agrandissements pour satisfaire aux exigences de confort de son épouse. Ce n’est qu’à partir du règne de Philippe Auguste au XIIe que le pouvoir va se fixer plus durablement sur l’île, moment où de grandes transformations vont être réalisées pour transformer l’antique Palais de la Cité.  
 

Dès les premiers capétiens, le Palais réunit ainsi trois fonctions : 

  • Une fonction "publique"  avec, au nord du Palais,  une salle du Roi destinée à rendre la justice et réunir la Curia regis, assemblée de conseillers et familiers qui assistent le roi dans son gouvernement 
  • Une fonction "privée" avec, au nord-ouest du complexe,  la chambre du roi 
  • Enfin, une fonction "religieuse" avec, au sud,  une chapelle, d’abord dédiée à Saint Nicolas, puis remplacée par la Sainte-Chapelle au milieu du XIIIe siècle.
Le Palais panneau de médiation salle des Gardes

Conciergerie - Centre des monuments-nationaux

Le règne de Philippe Auguste (1180-1223)

Statue de roi, dite de Philippe-Auguste, provenant des tabernacles des contreforts du transept de la cathédrale Notre-Dame de Reims et aujourd'hui présentée au Palais du Tau
Statue de roi, dite de Philippe-Auguste, provenant des tabernacles des contreforts du transept de la cathédrale Notre-Dame de Reims

© Pascal Lemaître - Centre des monuments nationaux


Philippe II Auguste succède à son père, Louis le Jeune, à l’âge de quinze ans. Le royaume s’agrandit de façon significative sous son règne, ce qui a conduit le roi à poursuivre l’extension et l’embellissement de son palais de la Cité. 
Rappelons que son éclatante victoire de Bouvines, le 27 juillet 1214, confirme définitivement sa suprématie militaire et politique sur l’Occident chrétien.  
Les principales rues de Paris sont pavées et, à partir de 1190, Philippe Auguste ordonne la construction d’une nouvelle muraille, scandée de tours et de portes fortifiées, qui enserre les deux rives. En même temps qu’il fait édifier la forteresse du Louvre, un donjon est construit au cœur même du palais de la Cité : il s’agit d’une tour cylindrique d’un diamètre de plus de douze mètres, couverte d’une toiture conique. Elle subsistera jusqu’à l’incendie de 1776.

Quant aux archives royales, précédemment itinérantes et perdues lors de la bataille de Fréteval (1194) contre Richard Cœur de Lion d’Angleterre, elles sont reconstituées et déposées au palais qui occupe désormais une position centrale dans l’administration du royaume, prélude probable à la construction du Trésor des Chartes (voir ci-dessous), accolé à la Sainte-Chapelle à l’époque de saint Louis.  

Le roi nomme également à cette époque un Concierge pour assurer le bon fonctionnement du Palais et des travaux de terrassement sont réalisés, afin de surélever les bâtiments en cas de violentes crues.

Le règne de saint louis

Saint Louis rendant la justice
Saint Louis rendant la justice - Panneau gauche d'un épisode du cycle consacré à "La Vie de Saint Louis" au Panthéon

© Hervé Lewandowski - Centre des monuments nationaux

Louis IX, futur saint Louis (1226 – 1270), petit-fils de Philippe Auguste, est couronné à 12 ans; sa mère, Blanche de Castille, assure la régence jusqu’à la majorité du roi. Au milieu du XIIIème siècle, Louis IX va ainsi apporter des modifications substantielles au Palais, devenu miroir du pouvoir royal grandissant. Sa réalisation la plus admirable et préservée jusqu’à nos jours est la Sainte-Chapelle. 

Entre 1239 et 1241, Louis IX acquiert les reliques insignes de la Passion du Christ, jusque-là conservées à Constantinople, pour la somme considérable, de 135 000 livres tournois, soit environ la moitié du revenu annuel du domaine royal. Le transfert de ces reliques majeures de la Chrétienté fait de Paris une seconde Jérusalem ou une seconde Rome : Le royaume de France affirme ainsi sa prééminence politique en Europe.
Pour ce précieux dépôt, Louis IX transforme fastueusement le pôle religieux au sud du Palais : la fine et élégante Sainte-Chapelle, construite entre 1242 et 1248 remplace la chapelle Saint-Nicolas. 

Ce reliquaire monumental à deux niveaux est représentatif du style gothique rayonnant. Trouvez plus de détails sur ce joyau unique du 13ème siècle sur le site de la Sainte-Chapelle (lien hypertexte à ajouter). Un quartier réservé aux chanoines se développe au sud de la Sainte-Chapelle. Un petit édifice construit au nord de l’édifice accueille les sacristies (revestiaires) et, à l’étage supérieur, le "trésor des Chartes", où sont réunis les archives et les principaux actes du royaume. Le trésor des Chartes disparaît en 1783.

Le roi relie ses appartements privés à la Sainte-Chapelle par une galerie qui prendra plus tard le nom de "galerie mercière", en raison des nombreuses échoppes de marchands qui s’y installent.
Il fait également construire en bord de Seine la "salle sur l’eau" - disparue depuis-, vaste salle de réception ou d’assemblée, flanquée de la Tour Bonbec préservée jusqu’à aujourd’hui et que l’on peut reconnaître , quai de l’Horloge, à la base crénelée de son toit conique 
 

Le règne de Philippe Le Bel

 

Portrait de Philippe IV le Bel
Portrait de Philippe IV le Bel conservé au château de Bussy-Rabutin

© Reproduction Hervé Lewandowski - CMN

À la fin du XIIIe siècle, l’antique Palais est inadapté au gouvernement du royaume, en pleine expansion.

Philippe IV le Bel (1285-1314) le transforme alors en un lieu où se met en scène la majesté royale, expression de la puissance de la dynastie capétienne.  C’est à cette époque que le palais de la Cité atteint son apogée.

Enraciné dans le passé de ses glorieux ancêtres, le roi règne désormais sur le royaume le plus peuplé et le plus riche de l’occident chrétien. 

Le Palais de la Cité doit aussi intégrer les impératifs d’une administration considérablement modernisée. 

La mutation de la société féodale vers une monarchie centralisée, entamée par Louis IX, se réalise pleinement. 
Les travaux débutent en 1296, dirigés par Enguerrand de Marigny, principal ministre.  La superficie du Palais triple. 


En 1298, commence l’édification des bâtiments d’apparat. 

La grand-salle du Palais de la Cité au Moyen-Âge

Benjamin Gavaudo - Centre des monuments-nationaux

La "Grand’Salle", au nord, remplace et double la superficie initiale de la Salle du Roi. Ses dimensions et son décor en font la plus remarquable salle royale d’Europe.  Puis vient le tour des bâtiments crées pour les nouvelles institutions.  La Chambre des Comptes est logée à l’ouest de la Sainte-Chapelle. La "Grand’ Chambre", édifiée de 1302 à 1305, au-dessus de la salle des Gardes conservée au sein de la Conciergerie,  devient à partir de 1314 le siège attitré du Parlement de Paris, plus haute juridiction du royaume sous l’Ancien Régime et chargée d’enregistrer les ordonnances royales.. Alentour, les tours d’Argent et César que l’on admire encore le long du quai de l’horloge, abritent son administration. 


Au fond de la cour principale du Palais, dite "du Mai", un escalier d’apparat à trois volées introduit à la galerie mercière, une porte monumentale.
  
Au sud de la galerie mercière, la Sainte-Chapelle, conservée, reçoit un clocher neuf. Les logis des chanoines sont agrandis. L’institution spirituelle est d’ailleurs confortée en 1297 par la canonisation de Louis IX, devenu saint Louis de France. 
Enfin, le logis du roi, au caractère désormais purement privé, est rassemblé à l’ouest dès 1308. Une galerie, longeant la Grand’ Salle y conduit.  
Le mur de l'ancienne enceinte à arcades en constitue la façade avec une magnifique perspective sur le Grand Jardin actuellement à l’emplacement de la place Dauphine, et la Seine. 
Les services de l’Hôtel du roi (s’installent à proximité de la Salle des Gens d’Armes (sous la Grand’ Salle), réfectoire du très nombreux personnel du Palais. L’approvisionnement s’effectue par la Seine dans laquelle plongent les murailles du Palais. 


En 1314, le nouveau Palais abrite l’appareil d’un Etat modernisé et, en son centre, le souverain, comme le Palais au cœur de la ville. 

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