Histoire

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Mémoires de la Révolution

Partez à la rencontre de figures célèbres ou anonymes dans la Salle des Noms de la Conciergerie !

Un lieu de mémoire

Une mémoire funèbre et partisane autour des condamnés

C’est une société très diversifiée qui passe par les cellules de la Conciergerie, composée pour l’immense majorité de gens ordinaires, venant surtout du "tiers état": ils n'appartiennent ni au clergé, ni à la noblesse. Un détenu sur cinq vient de ces deux derniers ordres mais ne composent qu’une très faible proportion de la population du pays. En effet, les anciens nobles et prêtres réfractaires (refusant de prêter serment à la Constitution civile du clergé) sont particulièrement ciblés par la justice révolutionnaire.

Dès le lendemain de la Révolution, les listes des victimes de la Terreur ont été cultivées comme un genre à la mode et ne mentionnaient que les guillotinés, honorés en martyrs, souvent par opposition à la République.
 
Ne manquez pas La "salle des Noms", lors de votre visite de la Conciergerie. Cette salle a été aménagée et enrichie d’une maquette numérique pour mieux apprécier la grande diversité des profils des plus de 4000 détenus qui sont passés par la Conciergerie avant d’être jugés par le Tribunal révolutionnaire. 

Outre les condamnés, elle mentionne les acquittés, qui représentent près de la moitié des détenus entre les printemps 1793 et 1795, un chiffre descendu à un sur cinq dans les semaines qui précèdent la chute de Robespierre et son exécution, le 9 et 10 thermidor an II (27 et 28 juillet 1794).

Salle des noms
Salle des noms

Benjamin Gavaudo - Centre des monuments-nationaux

Les chapelles de la Conciergerie, témoins de la pluralité et de la concurrence des mémoires

La chapelle dite « expiatoire » (voir détail : article Marie-Antoinette à la Conciergerie) et la chapelle, dite « des Girondins » se font face dans le parcours de visite et leur histoire, tout comme leurs appellations respectives, témoignent d’une lutte de mémoires tout particulièrement vive au 19ème siècle. En effet, à partir de la Restauration (1815–1830) et pendant tout le siècle, chaque mètre carré de ces espaces est disputé par les partisans de la République et ceux de la monarchie.

La chapelle expiatoire a ainsi été construite sur le lieu de l’ancien cachot de Marie-Antoinette pour intensifier l’hommage à la reine martyre et, partant, exalter la monarchie en rejetant l’héritage révolutionnaire. 

À quelques pas de ce sanctuaire monarchiste, la chapelle dite des "Girondins" évoque la mémoire républicaine à travers la figure des députés Girondins : la tradition inventée veut que dans la nuit du 29 au 30 octobre 1793, 21 députés Girondins y aient pris ensemble leur dernier repas. Cet ancien oratoire de la prison reconstruit après l’incendie de 1776 a très probablement servi de cellule collective au moment de la Révolution en raison de la surpopulation carcérale. 

Chapelle expiatoire
Chapelle expiatoire

Bernard Acloque - Centre des monuments nationaux

Les reconnaissez-vous ?

Quelques prisonniers célèbres de la Conciergerie sous la Révolution 
 

Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine, (1755 - 1793), fille cadette de l’impératrice d’Autriche, devenue reine de France, en 1774 et incarcérée à la Conciergerie pendant 76 jours avant d’être condamnée par le Tribunal Révolutionnaire.

Manon Roland, dite Madame Roland (1754-1793), est connue comme l’égérie du parti politique des Girondins. Elle est jugée le 8 novembre 1793 et condamnée à mort pour participation à la conspiration contre la République.

Aubry, Marie Olympe Grouze, dite Olympe de Gouges (1748 –1793), femme engagée dans la Révolution, auteur notamment de la déclaration des droits de la citoyenne et de la femme.

Marat, Jean-Paul (1743 - 1793), journaliste radical, directeur de « l’Ami du Peuple », il est assassiné par Charlotte Corday, une jeune inconnue qui espère terroriser les sans-culottes en abattant leur porte-parole.

Barry (Madame du), Jeanne Bécu de Cantigny, (1743 –1793), ancienne favorite de Louis XV, symbole de la dépravation de la cour, elle est condamnée par le Tribunal Révolutionnaire.

Charlotte Corday (1768-1793), jeune aristocrate inconnue célèbre pour avoir assassiné Jean-Paul Marat le 13 juillet 1793. 

Danton, Georges Jacques (1759 –1794), avocat réputé, puis député radical populaire, il est arrêté puis jugé après s’être frontalement opposé à Robespierre.

Desmoulins, Camille Benoist (1760 –1794), un des principaux journalistes de la Révolution, il est élu député. Il est jugé et guillotiné après avoir dénoncé la dureté de la répression.  

Élisabeth Philippine Marie Hélène de France (1764 – 1794) sœur de Louis XVI, dite Madame Élisabeth, incarcérée au temple avec la famille royale, destinataire de la dernière lettre de Marie-Antoinette.

Robespierre, Maximilien François Isidore (1758 –1794), député radical, membre du Comité de Salut Public, figure centrale des Montagnards, surnommé "l’Incorruptible", Robespierre a passé ses dernières heures à la Conciergerie avant d’être guillotiné. Son exécution suit directement son arrestation, il ne sera donc pas jugé par le Tribunal révolutionnaire. 

Fouquier-Tinville, Antoine Quentin (1746 –1795), accusateur public du Tribunal Révolutionnaire, il est le principal organisateur des procès de la Conciergerie. Il est à son tour jugé puis guillotiné en mars 1795.
 

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